On connaissait l’engouement de Mario Ramos pour les contes et l’habitude qu’il avait de les détourner comme dans son précédent album « Le plus malin » farci de différents clins d’œil , avec bien sûr, le loup, personnage récurrent , voir emblématique de Ramos .
Rien d’étonnant donc, à ce que, dans « LE PETIT GUILI », Mario Ramos emprunte la structure du conte pour bâtir son récit.. Mais là, point de loup mais un lion, Léon, qui, malgré de grandes promesses le jour de son couronnement, tyrannise son peuple, change les lois, en instaure d’autres comme celle interdisant aux oiseaux de voler. Jusqu’au jour, où, Guili, seul petit oisillon à n’avoir pas eu les ailes brisées à la naissance, s’empare de la couronne car « personne ne peut rien contre un petit oiseau qui vole librement ». Il la dépose successivement sur de nouvelles têtes d’animaux qui, en oppresseurs spontanés , annoncent instantanément des décrets « ridicules, dit Guili ».. comme autant d’ incompatibilités répétitives du pouvoir et de l’autorité avec l’intelligence et la liberté et qui poussent Guili à voler vers d’autres mondes, laissant tomber la couronne dans l’océan où tout au fond… elle coiffera un certain Néron, petit poisson… qui avait fait de grandes promesses..
L’histoire parle d’elle-même … Malgré ces tentatives subversives, annoncées par l’exergue de Mark Twain « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors, ils l’ont fait » , la désillusion ponctue la fin de l’éternelle histoire …que Mario Ramos conjugue à une illustration sobrement parlante, personnages croqués à la manière des dessins humoristiques, pour ne pas dire satiriques..
Une lecture qui ravit petits et grands avec un plaisir amer toutefois pour les adultes qui savent que ce sera la dernière fois, Mario Ramos étant décédé en décembre 2012.
Sylvie