Dis, Clémentine, tu veux bien être ma copine ? Clémentine Beauvais a tout pour plaire, jeunesse, talents, beauté ; alors plutôt que de me laisser happer par la jalousie, je choisis de m’en faire une amie. Et à partir de maintenant, c’est-à-dire maintenant que j’ai lu un de ses romans, je décide de la suivre, j’attendrai ses prochaines publications avec enthousiasme.
En commençant Comme des images, je m’attendais à un roman ado sympa, qu’on lit avec plaisir, qu’on oublie vite. On le lit vite, c’est sûr, on le dévore. On ne l’oublie pas si vite.
Le décor est celui du lycée Henri IV, et les protagonistes sont des lycéens de ce prestigieux établissement. Parce qu’ils évoluent dans ce monde, la plupart du temps depuis leur naissance, ils sont promis au plus bel avenir. Ils sont pourtant parfois tout aussi désemparés que les autres adolescents face aux questions de la vie, et souvent plus soumis au formatage et à la pression. L’auteur possède la pleine conscience du monde on ne peut plus contemporain qu’elle dépeint. Cette lucidité est déjà remarquable mais c’est le recul dont Clémentine Beauvais se montre ici capable qui donne au roman sa subtile substance. Le lecteur ressent cette proximité avec les états d’âme des personnages et n’en est que plus troublé. Construit avec intelligence, complexe et judicieux du point de vue de la narration, Comme des images interroge notre rapport à l’image, aux images. Il redit que toutes ces images, de soi, des autres, sont bien souvent illusoires et qu’elles conditionnent notre rapport dramatiquement artificiel aux autres.
Clémentine Beauvais, Comme des images, Sarbacane, 2014, 14,90€.
ClaireD