Les pages de trois journaux intimes se succèdent, nous dévoilant progressivement le passé et les sentiments de leurs trois auteurs cabossés par la vie, Malo, Jul et Solam. L’écriture régulière fait partie du projet qui les réunit. Tous trois ont en effet été placés par les services sociaux dans cette ferme du bout du monde, chez Marlène, pour faire une pause, se reconstruire. Outre le projet de retaper la grange, ils doivent aussi consigner leurs pensées sur un cahier.
Malo rêve de revenir habiter avec Cynthia, et se débat avec ses problèmes intestinaux. Jul, l’anorexique, est blessée d’amour physiquement et moralement. Solam crache sa haine mais ne cache pas longtemps sa sensibilité et sa générosité. Marlène, qui n’apparaît que dans les écrits des adolescents et se révèle également bien peu épargnée par la vie, se fait discrète, laisse le temps à chacun d’évoluer, accompagne d’un geste, d’un regard, d’une parole ou de silences ces êtres qui, tant bien que mal, tracent finalement leur route.
Assez déroutant au départ, le livre devient au fil de la lecture de plus en plus passionnant. Et l’on en arrive à regretter qu’il se termine. Fermer ce roman, c’est aussi accepter de laisser les trois héros auxquels on s’est terriblement attaché vivre leur vie.
Tout près le bout du monde, Maud Lethielleux, Flammarion, 10,50€