La déclaration des droits des filles, Brami/Billon-Spagnol

Les éditions Talents hauts se sont donné pour mission de bousculer les idées reçues, et de combattre les discriminations, le sexisme en particulier. Voilà deux albums qui se répondent, font sourire et interrogent, deux albums qui font du bien.

Le texte affirme que les garçons comme les filles ont le droit de pleurer, de jouer à la poupée, de porter du rose, que les filles comme les garçons ont le droit d’être débraillées, agitées, etc. L’illustration pleine d’humour et d’énergie brode autour de situations mettant en avant ces droits.

On sait tout cela, on connaît ces droits. Mais est-ce qu’on les applique, pour soi, pour les autres ? Quel plaisir de se les entendre redire encore et encore ! Voilà deux albums qui aident à renforcer l’estime de soi.

Notre recommandation : faire fonctionner ces deux albums ensemble pour que se joue un vrai questionnement des stéréotypes.

La déclaration des droits des garçonsLa déclaration des droits des filles

Elisabeth Brami, ill. Estelle Billon-Spagnol, La déclaration des droits des filles / La déclaration des droits des garçons, livres soutenus par Amnesty international, Talents hauts, 12,50€

Déjoue les pièges

Etes-vous capables de trouver avec certitude les huit anachronismes présents sur cette double-page? Pas si sûr… Pour les réponses, il suffira de tourner la page. Mais ne soyons pas si pressés, interrogeons-nous encore un peu…

Les quatre volumes de la série Déjoue les pièges invitent à parcourir les époques, les domaines. C’est en partant à la recherche des pièges que l’on est amené à obtenir des informations précises et précieuses. Et en fermant le livre, on se retrouve un peu moins bête! Amusants et instructifs, ces albums-jeux promettent de bons moments à partager. Quel adulte ne sera pas obligé d’avouer, à un moment ou à un autre, son ignorance? Pour les grands comme pour les petits, c’est un plaisir de faire en sorte de ne pas se laisser piéger.

Déjoue les pièges des Arts / Déjoue les pièges de l’Histoire / Déjoue les pièges des Sciences / Déjoue les pièges des Sports, Pascale Hédelin, Gulf stream éditeur, 15€ le volume

 

Vers le bleu, roman tourbillonnant

Chère Sabrina,

Je tourbillonne encore, même si le roman est refermé. Vers le bleu, roman tourbillonnant. Ce tourbillon-là est ensoleillé, empathique, généreux.

Quel rythme ! Et vas-y que je t’embarque dans une histoire sociale à la Ken Loach. Et hop, je t’emmène aussi dans une histoire cocasse à la Little Miss Sunshine. Attends voir que je t’emporte dans une histoire d’amour à la Je t’aime, moi non plus. Allez, viens, suis-moi dans une intrigue policière et environnementale à la Kusturica.

Je le sais, si ton roman est si délicieux, c’est qu’il cache un grand travail. Comme les grands danseurs qui paraissent flotter avec aisance, comme les musiciens qui feraient croire à une partition facile, ce foisonnement efficace est le résultat d’une profonde recherche d’écriture.

Après cette valse parfaitement menée, je suis heureuse de garder un peu le tournis.

Bien à toi,

Claire

Sabrina Bensalah, Vers le bleu, Sarbacane, collection Exprim, 15,50€

L’Univers, Reeves, Casanave

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Merci Hubert ! Si tu n’étais pas là, il faudrait t’inventer. Quelque part entre le grand-père gâteau, le prof enthousiaste, l’ami chaleureux, il y a le grand Hubert Reeves.

C’est ça un grand savant, rendre limpide et passionnante une chose aussi complexe que la création de l’Univers.

La lecture de la bande dessinée L’Univers fut pour moi un moment d’exaltation. Son petit format rend l’objet non impressionnant : la couverture me dit en substance « c’est bon, tu peux y aller, cette question est pour toi, tu vas comprendre » … Sa qualité formelle – papier, couleurs, mise en page – le rend précieux : pour ma part, je le conserve, je le range soigneusement, à disposition à tout instant, je l’offre, le conseille…

Et pour ajouter à la limpidité du discours, les propos d’Hubert Reeves sont illustrés par les dessins de Daniel Casanave qui soutiennent la compréhension de façon remarquable.

Et je retiens que « nous avons tous un domaine d’activité sur lequel s’étend notre influence : famille, profession, milieu social », qu’il y a un sens à notre passage dans l’univers, qu’« il s’agit d’œuvrer à embellir le monde ».

Oui, Hubert se situe aussi du côté de l’artiste, du curé, du philosophe.

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Hubert Reeves, Daniel Casanave, L’Univers, La petit bédéthèque des savoirs, 10€

L’arche des animaux, Marianne Dubuc

De même petit format carré épais, Au carnaval des animaux, sorti en 2012, nous avait ravis (voir la critique ici). Quant à l’imagier-aventure Devant ma maison, depuis 2010, son succès ne s’est jamais démenti.

La nouvelle aventure animalière et picturale que recèle L’arche des animaux est tout aussi entraînante. Suite à un déluge, les animaux embarquent sur l’arche. Les images s’enchaînent, dévoilant la vie de chacun à bord du bateau.

Marianne Dubuc, L’arche des animaux, Casterman, 14,90€

Fête du livre de Montbrison

Après celle de Saint-Etienne vient celle de… Montbrison, charmante ville sise en plein mitan du Forez.

Pendant la fête du livre de Montbrison, au mois de novembre 2016, on pourra rencontrer des auteurs, assister à des spectacles, discuter autour des livres, voir des expositions…

Pour le programme complet, c’est ici.

Aloys, Sarah Turoche-Dromery

Selon la coutume qui voulait que les familles nobles offrent un enfant à l’Eglise, Aloys a été donnée, à l’âge de 6 ans, par son père à une abbaye. Avant la prononciation de ses vœux définitifs, le doute asseye la jeune fille, une envie de liberté l’envahit qui lui donne le courage d’imaginer la fuite. Aloys ne peut imaginer passer sa vie dans cette prison, ne pas connaître le monde au-delà des murs de l’abbaye.

L’originalité du décor peint très justement par l’auteure – celui d’une prison religieuse au Moyen-Âge, et l’originalité du choix du personnage principal – une jeune nonne, n’empêchent nullement l’universalité du propos. Et c’est ce qui force ici l’admiration. L’aspiration à la liberté, le doute intérieur sont parfaitement exprimés. On sent Aloys rongée, déchirée entre la culpabilité qu’elle ressent, et son désir plus fort d’émancipation. L’aventure palpitante que renferme ce beau roman est tout intérieure.

Aloys

Sarah Turoche-Dromery, Aloys, Editions Thierry Magnier, 11,50€

La Guerre des Lulus

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La série de bandes dessinées réunit, entre autres ingrédients, deux thèmes chers à la littérature.

L’enfant orphelin est une figure archétypale de la littérature pour la jeunesse, sans doute parce qu’elle permet la centration du lecteur sur le sujet enfant et, partant, l’identification immédiate.

La guerre est un décor prisé par les auteurs parce qu’elle implique l’extrême, l’extraordinaire, l’aventure.

Etrangement, aucune bande dessinée destinée à la jeunesse ne s’était jusque-là attelée au sujet de la première guerre mondiale. C’est chose faite – et très bien faite ! – avec la série La Guerre des Lulus, qui commence en 1914 et met en scène Ludwig, Luigi, Lucas et Lucien, les Lulus, quatre gamins abandonnés vivant dans une maison tenue par un gentil abbé.

L’action se situe au Nord-Est de la France, dans l’Aisne, juste derrière les lignes allemandes. Les villageois doivent quitter les lieux pour fuir les frappes ennemies. Partis jouer dans les bois au moment de l’évacuation, les Lulus se retrouvent livrés à eux-mêmes. Ils sont bientôt rejoints par une fille elle aussi esseulée, Luce, qui devient la cinquième Lulu.

Quatre tomes sont pour l’instant disponibles, qui mêlent habilement l’aventure à hauteur d’enfant et la grande Histoire d’une part, l’ancrage régional et la situation mondiale d’autre part. Les personnages prennent corps dès le premier tome, tant les dialogues et les illustrations sont expressifs. On éprouve un immense plaisir à les suivre.

La Guerre des Lulus, Régis Hautière (scénariste), Hardoc (dessinateur), Casterman, 12,95€, à partir de 9 ans

1914, La maison des enfants trouvés

1915, Hans

1916, Le tas de briques

1917, La déchirure

Ole Könnecke

Dire qu’on va avoir la chance de le rencontrer ce weekend… Venu spécialement pour nous depuis le Nord!

J’imagine Ole Könnecke comme un type sympa. Le genre de type qui porte bien la moustache, même s’il n’en porte pas.

Ses livres ménagent des moments loufoques, jusqu’à la fin, toujours inattendue.

Les dessins comme les textes sont simples, efficaces, et malins. Dans les albums d’Ole Könnecke, il n’y a pas trace de discours. Il n’y a d’ailleurs pas trace de récit non plus. L’action se déroule au présent, sous les yeux du lecteur.

anton

C’est la situation, toujours drôle, originale et qui nous semble pourtant si familière tellement elle est intelligemment représentée, qui prime. Cette façon de dire, par le texte, par l’image, caractérise le style d’Ole Könnecke : simple, efficace, malin. Si j’osais, je parlerais d’un genre ici représenté : « le sketch en livre ».

Entre autres :

Anton et les filles, L’école des loisirs, 2005, 12,20€ /5,60€

Anton est magicien, L’école des loisirs, 2006, 12,20€ /5,60€

Anton et la feuille, L’école des loisirs, 2010, 12,20€ /5,60€

Il l’a fait !, L’école des loisirs, 2010, 7,10€

Le grand imagier des petits, L’école des loisirs, 2011, 12, 20€

Anton et les rabat-joie, L’école des loisirs, 2013, 12,20€ /5,60€

Anton et le cadeau de Noël, De La Martinière Jeunesse, 2013, 12, 50€

Bravo !, L’école des loisirs, 2014, 11,50

ClaireD