“2 yeux” Lucie Félix, édition Les Grandes Personnes

2 yeux ? En 2 mots ? «  J’ai dessiné huit formes bleues, j’ai percé la feuille de papier… » simple ?  « Et la pluie s’est mise à tomber »… magique !

2 yeux ? De formes découpées se superposant à des formes géométriques puis à des dessins plus élaborés, c’est une histoire qui prend vie… qui prend vie à 2 ? L’enfant chemine dans cet album qui semble se construire à l’instant même, petit à petit, rien que pour lui, accompagné par la musique tranquille des phrases… c’est pour mieux le surprendre..

2 yeux ? 2 tonalités ? Ludique et poétique !

Un album plein de dualités, édité par « Les Grandes Personnes », à mettre entre de petites mains pour une lecture partagée …à 2 ? Un beau cartonné au graphisme et aux couleurs à la portée des (2) yeux des tout-petits… à refermer malgré tout, pour ne pas manquer la 4ème de couverture.

Sylvie.

Après la découverte de l’album « 2 yeux ? » de Lucie Félix aux éditions Les Grandes Personnes, nous voilà, conquis et curieux ! Coup de cœur des Croquelinottes, le plaisir ouvrant sur une envie d’en savoir plus, nous avons donc posé quelques questions à Lucie Félix, pour nous faire patienter jusqu’à sa venue sur le stand de la librairie à la fête du livre à St-Etienne…

On a le sentiment quand on découvre l’album que vous l’avez « presque » construit dans l’instant, comme si vous dessiniez, découpiez au fur et à mesure que les choses apparaissaient et que l’histoire s’élaborait, en complicité, un peu comme un adulte raconterait à un enfant tout en crayonnant et découpant. Qu’en est-il ?

Hé non, c’est un long travail de mise en place, pour trouver le cheminement le plus clair et à la fois le moins évident possible… J’ai tourné et trituré mes différentes pistes pendant des mois avant de finir par me décider, tout en discutant avec l’éditrice qui a un regard affûté et qui sans jamais être directive, sait poser les bonnes questions.

Ce premier album, dont l’illustration si aboutie, bien que le terme illustration semble mal approprié du fait de son importance, s’inscrit-il dans un parcours artistique ?
Cette question est très pertinente, car oui tout à fait. Le cheminement long qui m’a menée à l’idée des pages trouées vient directement de mon travail plus “artistique”, disons d’une réflexion sur le signe en général, le signe typographique en particulier.
Voici un lien vers mon site, vous pourrez voir quelques travaux significatifs : http://luciefelix.fr/

Le style épuré et imaginatif à la fois, dépassant le caché-trouvé, traduit une adaptation et une connaissance du tout-petit. De même, le fait que vous parliez de votre place : « je », comme une adresse directe au lecteur, contribue à installer une relation fusionnelle, recherchée à cet âge-là. Quels sont vos liens avec la petite enfance ?

J’ai la chance d’avoir eu un petit frère de 10 ans de moins que moi, je m’en suis beaucoup occupée ! Cela dit, je n’ai pas une connaissance si vaste que cela des enfants, mais plutôt des livres pour enfants. C’est le seul domaine de la créativité où je peux me permettre d’être moi-même sans avoir à expliquer l’utilité de ce que je fais, car on donne à l’enfant le droit de faire des choses pour rien. Pour jouer tout simplement. C’est l’aspect du jeu, de la construction et de la déconstruction, qui attise ma curiosité. En cela, je suis resté très immature ! J’admire beaucoup le travail de Paul Cox, et il dit qu’il aime faire des piles de choses sur son bureau, de cubes, boîtes etc… qu’il laisse, et casse quand il en a envie. J’ai vraiment compris cette attitude.

La juxtaposition de phrases courtes, simples et poétiques font entendre une voix qui accompagne l’enfant dans la découverte et le cheminement de l’histoire, rythmée par des jeux de sonorités. Quelle part tient l’oral voir la musicalité dans l’élaboration ?
Je dois avouer que le texte que j’avais proposé, a été largement remanié par Brigitte Morel, l’éditrice. Ma proposition d’origine était à la première personne et accompagnait brièvement la construction du récit, mais était tournée de manière beaucoup plus lapidaire. Brigitte a su garder l’idée principale, mais en le rendant probablement plus fluide. Alors voilà, je suis beaucoup plus attachée au visuel, et à l’aspect de la construction de la narration, qu’aux mots en eux-mêmes…

Le 2 apparaît très présent dans l’album, dans un registre duel, souvent: abstraction-récit / simplicité-magie/ apparition- transformation voir disparition/ ludique-poétique/ « conversation » lecteur- auteur…etc.. Le « 2 » joue- t’il vraiment un rôle ?
Oui c’est vrai ! Je ne m’étais pas fait la remarque, mais oui. J’ajouterais  lisible/illisible, construit/déconstruit, apparent/caché, jour/nuit…

Propos recueillis par Sylvie.

 Une autre critique:

Le nouvel INCONTOURNABLE des tout-petits ! Et c’est le tout premier livre de l’auteure. En premier lieu, une simple balade au bord de l’eau, à la découverte des nénuphars, des grenouilles…et l’on chemine ainsi jusqu’à la nuit.

La nouveauté, la valeur ajoutée, c’est la page perforée de formes géométriques qui s’intercale au milieu de chaque double page, pour ainsi transformer la page de droite puis de gauche.

Les illustrations évoluent donc au gré de l’histoire dans un jeu de cache-cache très innovant.

Edité chez Les Grandes Personnes, l’ouvrage bénéficie d’un façonnage impeccable (pages cartonnées et cousues) qui finit de nous séduire ! BRAVO !

Amandine


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