Mais pourquoi on débarrasse ?

Les non-fumeurs ont de quoi envier les fumeurs parce que – en tant que tels – ils ont le droit de s’octroyer cinq minutes, même en plein rush du quotidien. Cette dépendance justifie, à tout instant, que le temps s’arrête. « Je ferai ça après, je sors fumer une clope. » « Attends là, 2 secondes, j’ai besoin d’une cigarette. » Parmi les situations maintes fois vécues, la plus représentative est celle au cours de laquelle, à la fin du repas, les fumeurs se lèvent, sans avoir besoin de ne rien annoncer, et d’un regard entendu, sortent se droguer… Et c’est comme si les autres pauvres saines personnes n’avaient pas d’autres choix que de commencer à débarrasser la table ! Quelle force mystérieuse pousse donc les non-fumeurs à tant d’abnégation et de compréhension ? Quel plaisir ce doit être de se sentir légitime dans sa pause !

Aujourd’hui, voulant à tout prix goûter ce plaisir, j’ai testé la pause poésie. Agrémentés d’un thé, les poèmes de Bernard Friot étaient savoureux. L’instant fut court, intense, requinquant : comme une cigarette ? Mais bizarrement, je n’ai pas réussi à m’accorder ce temps avant d’avoir débarrassé. Peut-être la littérature, substance non nocive mais nutritive, encourage-t-elle l’altruisme ?

ClaireD

Bernard Friot, J’aimerais te dire, De la Martinière, 13,90€


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