Archives pour la catégorie Critiques

LA PETITE BOÎTE

La petite boîte
Eric Battut

 

Un univers bicolore donnant l’impression de débarquer à chaque page dans une peinture enfantine, tracée au préalable au crayon puis “peinturlurée” maladroitement, dans lequel, un petit personnage bien que roi, évolue  au rythme de sa journée avec sa petite boîte, bleue, tout comme lui.

Déambulation scandée par l’interrogation récurrente et si attendue: ” Mais qu’y a t’il donc dans cette petite boîte?”. De sourires en imaginations, voir impatiences, le suspens grandit à la hauteur de la surprise finale !
Un album jubilatoire à reprendre en boucles, happé par le tourbillon de la question enchanteresse, malice et plaisir de la répétition.

Une randonnée dans un décor de géant pour mieux « croquer » ce tout-petit qui parcourt sa journée, confiant, tout sourire, en compagnie de sa petite boîte… forcément, vu ce qu’elle contient.. Une belle narration flamboyante pour en traduire tout l’attachement !

Sylvie Heyraud

La petite boîte /Eric Battut/ Didier Jeunesse/ 12,90 euros

 

Un ballon sous la pluie, Liniers

Je suis toujours épatée par la façon dont certains artistes comprennent et surtout savent retranscrire par des mots ou des dessins ces petites choses du quotidien. Avec Un ballon sous la pluie, l’auteur argentin Liniers évoque avec une finesse remarquable les joies simples d’un samedi pluvieux. La mise en scène de la relation entre les deux sœurs impressionne en particulier, tant elle est juste. Tandis que la plus jeune découvre avec encore un peu d’anxiété le langage et la nature, l’aînée l’accompagne avec enthousiasme dans ces découvertes, lui parle le monde qui l’entoure, prenant ce rôle à cœur.

Ce très bel album aux délicats dessins et aux couleurs délavées de la maison d’édition québécoise peut être conseillé en première lecture.

 

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Un ballon sous la pluie, Liniers, La Pastèque, 13€, à partir de 5 ans

 

Le meunier amoureux, Alice Brière-Haquet, Amélie Videlo

De grandes illustrations à la Douanier Rousseau et un texte faussement naïf jouent une nouvelle et malicieuse partition de l’amour et des saisons. Les magnifiques gouaches d’Amélie Videlo peignent un décor immobile, mais jamais semblable au précédent, martelant ainsi, au fil des pages, le temps qui passe, le défilé des saisons.

En plantant en secret des graines de fleurs, une belle sauvage vient perturber cette immuabilité et la routine du meunier. D’abord excédé, celui-ci finit, petit à petit, par goûter la fantaisie qui vient s’insérer dans sa vie figée. Et l’on observe ce même décor au moulin rouge admettre quelque imprévu, quelque heureuse folie.

ClaireD

Le meunier amoureux, Alice Brière-Haquet, Amélie Videlo, Sarbacane, 15,50€, à partir de 5 ans.

 

le meunier amoureux p14-15

Mes petits livres sonores, Gallimard jeunesse

Après les petits imagiers sonores, on a plaisir à découvrir les petits livres sonores. Pour des enfants un peu plus grands, ces livres à puces – à ce jour au nombre de 4 – racontent les aventures musicales de Paco. Avec un son toujours excellent, chaque histoire invite les lecteurs à découvrir un univers et ses instruments.

Paco et le jazz, Paco et la fanfare, Paco et l’orchestre, Paco et le rock, Gallimard jeunesse, Mes petits livres sonores, 13€50 chaque titre

Mes petits imagiers sonores

La collection « Mes petits imagiers sonores » chez Gallimard est formidable.

       

De la même façon qu’ils adorent soulever les volets des livres pour découvrir des images cachées, les enfants ne se lassent pas d’appuyer sur la puce pour entendre le son que la page leur réserve. D’autant qu’il s’agit de vrais sons : bruits d’animaux, de jouets, bruits du quotidien.

La collection continue de s’enrichir : les nouveaux titres parus ou à paraître font maintenant entendre des comptines entières, des musiques classiques ou du monde. La qualité sonore est impressionnante. On peut ici écouter des extraits.

Mes petits imagiers sonores, 31 titres disponibles, Gallimard jeunesse, 10€10 chaque titre

Mais pourquoi on débarrasse ?

Les non-fumeurs ont de quoi envier les fumeurs parce que – en tant que tels – ils ont le droit de s’octroyer cinq minutes, même en plein rush du quotidien. Cette dépendance justifie, à tout instant, que le temps s’arrête. « Je ferai ça après, je sors fumer une clope. » « Attends là, 2 secondes, j’ai besoin d’une cigarette. » Parmi les situations maintes fois vécues, la plus représentative est celle au cours de laquelle, à la fin du repas, les fumeurs se lèvent, sans avoir besoin de ne rien annoncer, et d’un regard entendu, sortent se droguer… Et c’est comme si les autres pauvres saines personnes n’avaient pas d’autres choix que de commencer à débarrasser la table ! Quelle force mystérieuse pousse donc les non-fumeurs à tant d’abnégation et de compréhension ? Quel plaisir ce doit être de se sentir légitime dans sa pause !

Aujourd’hui, voulant à tout prix goûter ce plaisir, j’ai testé la pause poésie. Agrémentés d’un thé, les poèmes de Bernard Friot étaient savoureux. L’instant fut court, intense, requinquant : comme une cigarette ? Mais bizarrement, je n’ai pas réussi à m’accorder ce temps avant d’avoir débarrassé. Peut-être la littérature, substance non nocive mais nutritive, encourage-t-elle l’altruisme ?

ClaireD

Bernard Friot, J’aimerais te dire, De la Martinière, 13,90€

Le livre des droits de l’homme, Jacqueline Duhême

Robert Badinter et Jacqueline Duhême - Le livre des droits de l'homme.

Quelle merveille que ce texte! La grande Jacqueline Duhême, l’imagière de Prévert, Eluard, Queneau, et de tant d’autres poètes qu’elle a connus et amenés à la littérature pour la jeunesse, nous offre sa version illustrée, poétique et féérique, de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Robert Badinter, qui signe la préface, parle de son émerveillement devant le recueil, qu’il présente comme “un nouveau jardin d’Eden”. Ne nous privons pas d’offrir aux adultes et enfants, sous la forme de ce bel album, ce “message de foi dans l’humanité et d’amour des êtres vivants”.

Le livre des droits de l’homme, préface de Robert Badinter, Images de Jacqueline Duhême, Gallimard jeunesse, 10€, dès 6 ans.

ClaireD

Quentin Blake, Pas de panique / Pages, mots, images

L’immense illustrateur Quentin Blake, à 83 ans, est toujours un jeune homme. Dans son dernier album Pas de panique, ses dessins nous époustouflent une nouvelle fois par leur brio et leur vivacité. Le livre refermé, on a envie de courir retrouver Armeline Fourchedrue, Zagazou ou Les cacatoès. Je suppose que la saveur du trait de Quentin Blake est aussi constituée d’un peu de nostalgique familiarité, chez tous ceux qui, comme moi, ont baigné dans les fabuleux romans de feu Roald Dahl, que Blake a fabuleusement illustrés.

Avec Pages, mots, images, les adultes entreront avec bonheur dans l’univers de Quentin Blake, suivront son parcours artistique et découvriront des aspects inédits de son travail. Le genre d’ouvrage qui fait aimer le dessin.

Quentin Blake - Pas de panique !. 

Pas de panique, Quentin Blake, Gallimard jeunesse, 13€

ClaireD

Emile descend les poubelles

Émile s’est déguisé*, a invité une copine*, a eu froid*, etc. etc. Aujourd’hui, il descend les poubelles et, comme à l’accoutumée, ses idées bien à lui, mises en œuvre avec un flegme caractéristique, créent l’événement.

Émile descend les poubelles est le onzième épisode mettant en scène cet incroyable bonhomme qui exprime ses désirs nonchalamment mais sans discussion possible. L’alchimie entre le texte laconique de Vincent Cuvellier et les illustrations bavardes de Ronan Badel est totale et efficace. Les situations inventées, la trombine expressive du héros, son désopilant caractère et les chutes de chaque épisode rendent cette série irrésistible.

* Émile se déguise / Émile invite une copine / Émile a froid, Vincent Cuvellier, Ronan Badel, Gallimard

Émile descend les poubelles, Vincent Cuvellier, Ronan Badel, 2015, Gallimard, 6€

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