Archives pour la catégorie Critiques

TANDEM

TANDEM
Séverine Vidal/ Irène Bonacina
Editions LA JOIE DE LIRE

Petite touche jaune au format modeste. L’air de rien…
C’est TANDEM ! Véritable petite pépite !!

Un beau déroulé sur l’amitié, du haut des
« 8 ans, 3 mois, 11 jours.
Tout ce temps où il était là-bas et moi ici. »

… « Il s’est assis juste devant moi.
Il sentait comme s’il avait apporté des souvenirs de voyage .
Du sable, des coquillages, du soleil aussi.
Juste pour moi, va savoir »
Des instantanés de vie. Juste pour nous, juste bien!
Petit à petit. Phrase après phrase. A chaque point, une nouvelle ligne. Une voix qui égrène le récit. Petit collier de mots, de ressentis, d’émotions.
« En un jour, on se connaissait depuis longtemps. »

Un album touchant et drôle, simple et tout en finesse, léger et sérieux, frais et plein de chaleur, porté par des dessins à la Sempé.. un joli tricotage de poésie et de tendresse… édité à « La joie de lire ».. ça ne s’invente pas !
Un vrai grand tandem à la plume et au crayon pour un joyeux petit tandem qui file dans le vent..
« J’entends le vélo qui grince.
Je ne m’ennuierai plus jamais. »

Sylvie Heyraud.

Le mystère de Lucy Lost

Sur une des îles de l’archipel Scilly, au Sud-Ouest des Cornouailles, un pêcheur et son fils Alfie trouvent une enfant presque morte. Ramenée peu à peu à la vie grâce aux bons soins de la famille du pêcheur, elle semble cependant avoir perdu la mémoire et la voix.

Le « mystère » dont il est question dans le titre ne réside pas dans la chronologie des événements qui ont amené la jeune fille dans cette île, ni dans son identité. En effet, contrairement aux personnages, le lecteur sait d’emblée qu’elle est une naufragée du Lusitania torpillé par un sous-marin allemand en 1915. Le bonheur du livre se situe, comme dans tout grand roman, dans l’évolution des rapports entre les personnages, dans la façon dont les faits s’imbriquent, dans la vie que le récit prend peu à peu… Et il s’agit bien là d’un mystère.

Une copine m’avait dit, en me tendant le bouquin : « Je te conseille d’aller chez Picard, et de remplir ton congél. » Elle avait raison : une fois ce livre entamé, il n’y a plus de place pour les tâches quotidiennes, à peine pour la vie sociale !

Le mystère de Lucy Lost, Michael Morpurgo, Gallimard, 2015, dès 11 ans, 1550.

ClaireD

 

Frida et Petit Ours

Fort agréable à lire, cet album est en outre un formidable incitateur au dessin.

Les personnages, Frida et Petit Ours, se proposent l’un à l’autre des formes à transformer pour en faire des dessins.

Ce qui sort de la tête et de la plume de celui qui dessine à partir d’une forme non signifiante est toujours surprenant, et très amusant. On se réjouit vraiment en tournant la page et en découvrant la proposition de l’un ou l’autre des personnages.

Mon petit doigt me dit que les enseignants de maternelle trouveront avec ce livre une belle lecture à offrir à leurs élèves… et à prolonger sur du papier…

A l’occasion de la sortie de l’album, le Muz (Musée des œuvres des enfants) propose de jouer avec Anthony Browne au jeu des formes. C’est ici.

Frida et Petit Ours, texte : Hanne Bartholin (trad. Élisabeth Duval), illustrations : Anthony Browne, école des loisirs, coll. Kaléidoscope, 2015, 9,80€, 3 à 5 ans.

 

ClaireD

Où est l’éléphant?

Le titre et l’image de couverture ne laissent pas présager de l’intention écologique. Dans cet album sans texte, le message passe d’autant mieux qu’il est exempt de morale et de catastrophisme. Le livre commence comme un jeu, et l’on cherche, bien camouflés au milieu des arbres de la forêt amazonienne, l’éléphant, le serpent et le perroquet. Mais au fil des pages, le décor se transforme, les arbres disparaissent pour laisser place aux constructions urbaines. Sans explication nécessaire, on observe l’amenuisement de ce paradis et les dégâts provoqués par la déforestation.

Où est l’éléphant ?

ClaireD

Où est l’éléphant ?, Barroux, l’école des loisirs, 2015, à partir de 5 ans , 13€

Raoul, Michel Van Zeveren

Je soupçonne Michel Van Zeveren de s’être introduit chez moi… Comment aurait-il fait, sinon, pour croquer exactement ces petits moments quotidiens que je connais trop bien ?

1papa

Drôle, trois fois drôle ! Grâce à cet album, on l’apprécie encore plus, ce fameux quotidien.

ClaireD

Raoul, Michel Van Zeveren, école des loisirs, Pastel, 2014, 13€50

La valise rose, Susie Morgenstern, Serge Bloch

Le rose fluo ne nous fait pas souvent l’honneur de sa présence dans la bonne littérature pour la jeunesse. Cette couleur éclate dans l’illustration de Serge Bloch. Elle caractérise l’objet-sujet du livre en même temps qu’elle marque tout l’album de sa pétillante empreinte.

Parmi tous les cadeaux reçus par le très attendu et déjà très aimé Benjamin à sa naissance, c’est cette valise offerte par sa grand-mère visiblement peu conventionnelle qui a sa préférence. Et l’on découvre au fil des pages comment elle le suit tout au long de sa vie, envers et contre tout et tous. Une belle histoire de transmission – à poursuivre, car la fin du livre le suggère – est offerte aux lecteurs. Subtilement, Susie Morgenstern parle de refus de la convention et de confiance en soi.

Enfin – et là aussi c’est peu banal en littérature pour la jeunesse! – La valise rose pose un regard amusé sur la relation triangulaire qui lie mère, fils, belle-fille.

ClaireD

La valise rose, Susie Morgenstern, Serge Bloch, Gallimard Jeunesse, 13€50, à partir de 5 ans

"La valise rose", Susie Morgenstern, illustration Serge Bloch (Gallimard)

Christophe Chaffardon, La dernière mission d’Édouard K

Sans que nul ne sache pourquoi, l’astronaute Édouard K s’est retiré de l’espace public depuis sa dernière mission dans la Station spatiale internationale. Loup, son grand-père, ses nouvelles amies, tous passionnés d’espace, vont être amenés à tenter d’éclaircir ce mystère. Parviendront-ils à approcher le mythique astronaute ?

En fin connaisseur du sujet et excellent pédagogue, Christophe Chaffardon nous immerge dans le fascinant monde spatial. Remarquable ouvrage de vulgarisation, La dernière mission d’Édouard K est avant tout un roman haletant à l’impeccable construction.

La Dernière Mission D'edouard K. de Christophe Chaffardon

ClaireD

Christophe Chaffardon, La dernière mission d’Édouard K, Le Pommier, 2013, 12€, à partir de 10 ans.

Contes et mythes des Indiens du Brésil, Béatrice Tanaka

Exotisme et universalité

« En choisissant de les transmettre et de les illustrer, Béatrice Tanaka, qui les a recueillis au début des années 70 à la Bibliothèque de Manaus, en Amazonie, avec la complicité de celui qu’elle appelle « son père indien », Nunes Pereira, rend hommage à la sagesse et aux valeurs des peuples indigènes, respectueux de la nature, qui sont les premiers habitants du Brésil. »

Il faut saisir cette occasion de voyage dans le Brésil Indien. Ces sept contes populaires et mythes fondateurs brésiliens de tradition indienne ont pour cadre la forêt amazonienne et pour protagonistes le jaguar, la tortue Jabouti, le sage Bahira, etc.

Le plaisir du beau texte est renforcé par la conscience de participer, par la lecture, à la défense et au rayonnement d’une culture. La symbiose entre l’Homme et la Nature qui caractérise ces contes et mythes de tradition indienne a de quoi fasciner un lecteur du monde occidental.

Mais plus qu’autre chose, c’est l’universalité de ces récits qui touche le lecteur. Ils fournissent des réponses à la compréhension du monde, aux interrogations sur le temps qui passe, sur le mystère de la création. Du fond des âges et du fond de la forêt, ces textes nous parlent.

 Contes et mythes des Indiens du Brésil : au pays du Jabouti - Béatrice Tanaka

Béatrice TANAKA, Contes et Mythes des Indiens du Brésil, Au Pays du Jabouti, Kanjil, 9€, pour tous

ClaireD

Eben ou les yeux de la nuit, Elise Fontenaille-N’Diaye

Dans la Namibie d’aujourd’hui, Eben, jeune garçon à la peau sombre et aux yeux bleus, retrace le drame de son ethnie, les Hereros.

Voilà comment un livre sème utilement un travail de mémoire qui n’a pas eu lieu. Grâce à ce très court roman, adolescents et adultes sont mis en contact avec une réalité très peu connue, celle du premier génocide du vingtième siècle. Dans cette colonie allemande, le nazisme a fait ses premiers pas, honteux, insupportables. Avec la distance nécessaire, le roman permet l’identification au jeune héros, la compréhension de ce qu’il ressent, la révolte intérieure essentielle.

Élise Fontenaille-N’Diaye a parallèlement publié cette année Blue book, récit historique destiné aux adultes qui porte sur cette partie de l’Histoire.

Eben

Élise Fontenaille-N’Diaye, Eben ou les yeux de la nuit, Rouergue, collection doado, 8,30€.

ClaireD