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J’habite ici, Michel Van Zeveren

Un chasseur au gros fusil est ébranlé dans ses certitudes.

L’album de Van Zeveren n’est pas seulement drôle, il invite à une certaine humilité. Un gros fusil, une grosse bagnole, une grosse baraque ou un gros salaire peuvent parfois donner l’impression d’être le roi, jusqu’à ce qu’on s’aperçoive que des autres, il faut bien faire cas.

Un texte bien cousu et un trait clair au service de l’expressivité nous invitent à méditer le message.

À la petite toute petite souris revient l’honneur d’ouvrir et fermer le livre… en toute humilité. À l’intérieur de l’album, n’oubliez pas de la chercher.

ClaireD

Michel Van Zeveren, J’habite ici, École des loisirs, 11,50€, dès 3 ans

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Facile à trouver, facile à manquer

On ne saurait dire où les mots de Jürg Schubiger, tout à la fois amusants et déconcertants, nous mènent. Du côté du profond en tout cas. Mais aussi du côté de l’élevé. Ni tout à fait récit, ni tout à fait philosophie, ce petit livre de sagesse caresse l’âme. L’expérience est singulière, précieuse. Les personnages, tout archétypiques qu’ils puissent paraître, prennent leur envol littéraire. Le texte fabuleux est génialement illustré par Jutta Bauer.

Deux grands noms de la littérature allemande pour la jeunesse sont réunis dans cet ouvrage de la collection Philo et autres chemins…

Jürg Schubiger, Jutta Bauer, Facile à trouver, facile à manquer, La joie de lire, à partir de 16 ans

ClaireD

Promenade de la petite fille

La lecture de ce bel album animé constitue une balade littéraire à la fois mystérieuse et rassurante, aux côtés d’une petite fille présentant des traits communs avec Boucle d’or, Poucette ou Alice. Nathalie Lété nous promène dans un décor au charme vintage, parmi une faune et une flore foisonnantes et colorées. Les mécanismes imaginés par Marion Bataille tombent parfaitement sous le sens et la main.

On peut, grâce à cette bande-annonce, commencer à admirer ce bel objet.

Promenade de la petite fille, Nathalie Lété, avec des mécanismes de Marion Bataille, Les fourmis rouges, 18,50€, dès 2 ans

La folle journée de Mister Tweed, Jim Stoten

Avec un flegme et une allure très british, le sympathique Mister Tweed (qu’on a envie de faire parler avec l’accent) se promène. Au fil des pages et de sa promenade, il rend service à ses amis qui ont tous perdu quelque chose. Pour le lecteur, il s’agit de participer à la recherche des objets perdus dans les foisonnants décors. Un très plaisant cherche-et-trouve au graphisme et aux couleurs rétro.

ClaireD

La folle journée de Mister Tweed, Jim Stoten, Autrement, 14,50€, dès 3 ans

Des signes et moi, Cendrine Genin, Séverine Thévenet

Des signes et moi est un imagier qui sort du commun. L’image de droite est une photo en noir et blanc d’un enfant signant. En vis-à-vis, des photographies en couleur illustrent les mots par une représentation, une mise en scène, ou une composition plastique. Les enfants experts en langue des signes photographiés et mis en scène par Cendrine Genin et Séverine Thévenet nous offrent une danse des mains et du corps que l’on a aussitôt envie d’imiter.

ClaireD

25page escargot print

Cendrine Genin, Séverine Thévenet, Des signes et moi, Éditions âne bâté, 12,90€

Adam et Thomas, Aharon Appelfeld

Le grand écrivain israélien Aharon Appelfeld, que beaucoup disent nobélisables, a publié son premier roman pour la jeunesse. Dans un entretien avec sa traductrice Valérie Zenatti, il a cette formidable phrase :

« Quand on atteint mon âge, soit plus de 80 ans, on commence à comprendre toutes sortes de choses et l’on est peut-être capable d’écrire enfin sur les enfants, et pour eux. »

Ce livre-trésor sur l’enfance et pour l’enfance a cette puissance de la chose aboutie. En le refermant, on se dit que tout y est, qu’il n’y a rien à changer. Une image forte et pérenne en ressort, celle de deux enfants dans la forêt. La langue est simple, profonde. Les illustrations de Philippe Dumas finissent de nous illuminer. Sur fond de seconde guerre mondiale, Appelfeld, se référant à sa propre histoire, nous conte la survie de deux enfants juifs réfugiés dans la forêt, et qui attendent le retour de leur mère. L’attente sera longue et les saisons se succèderont. Adam et Thomas vont subir la peur, le froid, la faim, mais ils vont apprendre de la nature, se découvrir l’un l’autre, et se découvrir chacun. Ce récit par moment panthéistique au cœur de la forêt nous élève. Porteur de grandes questions, il distille espoir et confiance. Et de cette aventure difficile, ce sont surtout les petits miracles que l’on retient, et la présence bienveillante, vitale de l’autre.

Adam et Thomas, Aharon Appelfeld, illustrations de Philippe Dumas, école des loisirs, 15€, à partir de 10 ans.

ClaireD

retrouver l’appétit avec la joie de lire !!!

Après l’averse pléthorique des fêtes de fin d’année, les tables de la librairie se vident tels nos estomacs trop remplis, aspirant à un peu d’espace pour reprendre leur souffle !

Nos têtes comme nos rayons retrouvent une lente respiration et le vide laissé par le tri après l’abondance fait du bien.

Alors quel est le truc qui peut réveiller la gourmandise du libraire repu après la masse déferlée à noël ? Le mot NOUVEAUTÉS écrit en lettres majuscules sur les cartons livrés de bon matin !

Les maisons d’édition distillent, en ce début d’année, leur nouvelle production. Et c’est là que se fait le réveil gustatif du libraire ! Avec une infinie douceur, La joie de lire, nous sert trois petites perles qui font frétiller, d’un fumet alléchant, nos narines ensommeillées.

Trois albums qui, chacun avec leurs ingrédients, réactivent nos glandes salivaires. Dans l’ordre croissant au public auquel ils s’adressent, voici trois  gourmandises :

Mélimélanimo, de Constance V.Kitzing, est une petite sucrerie colorée qui, sous le principe du méli-mélo, offre aux tout petits, une multitude de figures animalières à la fois drôles, fantastiques, délurées ou même impossibles, qui poussent au rire, à l’imaginaire, à la surprise ou tout simplement au plaisir savoureux du mélange !

– Vient ensuite Tandem de Séverine Vidal et Irène Bonacina, un album à la couverture solaire qui mêle deux ingrédients savamment dosés : délicatesse du texte et tendresse des illustrations donnant à l’objet sa saveur acidulée, celle de l’enfance amoureuse, celle des émotions régies par l’absence ou la présence de l’être devenu cher, celle de la douce poésie qui s’échappe de ce tandem attachant.

– Sorti d’un beau coffret, Mon tout petit, se déguste avec la lenteur du dessert tant attendu ! Ne souffrant d’aucun artifice ni enrobage, cet album délivre avec simplicité tant dans le texte que dans le trait, une belle ronde poétique sur le cycle de la vie. L’album d’Albertine et de Germano Zullo vient conclure avec une infinie tendresse nos retrouvailles avec la plaisir de se sustenter ! Quoi de mieux que la carte d’un grand chef pour cela !