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Fête du livre de Saint-Etienne : Jean-Claude Mourlevat

Je me suis jusqu’ici soigneusement dispensée de parler sur ces pages des livres de Jean-Claude Mourlevat. La première raison ne réside pas tant dans la peur de la banalité que dans le soin d’éviter les évidences : dans le secteur jeunesse, aimer Mourlevat va de soi. La deuxième raison est à imputer à ma pudeur d’admiratrice des premières heures. Comment parler de ce qu’on aime trop ? Mes mots peuvent-ils exprimer fidèlement mes émotions de lectrice ?

Derrière l’écran, personne ne peut voir briller les petites lumières dans mes yeux si j’évoque La rivière à l’envers, La ballade de Cornebique, Terrienne, Le chagrin du roi mort... Ainsi ma pudeur sera-t-elle quelque peu préservée.

Je n’ai jamais adulé Patrick Bruel, même ado, et je n’assume pas mon affection pour Johnny. C’est ainsi que je réclame le droit d’être dans le cas présent un peu midinette. Ce weekend, JCM sera présent à la Fête du livre de Saint-Etienne. Ne vous inquiétez donc pas si vous entendez quelqu’un crier Jean-Clôôôôôde près du stand des Croquelinottes.

ClaireD

 

Mes petits livres sonores, Gallimard jeunesse

Après les petits imagiers sonores, on a plaisir à découvrir les petits livres sonores. Pour des enfants un peu plus grands, ces livres à puces – à ce jour au nombre de 4 – racontent les aventures musicales de Paco. Avec un son toujours excellent, chaque histoire invite les lecteurs à découvrir un univers et ses instruments.

Paco et le jazz, Paco et la fanfare, Paco et l’orchestre, Paco et le rock, Gallimard jeunesse, Mes petits livres sonores, 13€50 chaque titre

MARCEL ET GISELLE

MARCEL ET GISELLE

Natali Fortier

Editions du Rouergue

 

Marcel et Giselle comme de lointains parents d’Hansel et Gretel ?

Ca sonne pareil dans le titre mais au-delà d’un fil conducteur similaire, le récit est bien différent, les personnages aussi.

A vrai dire, nous entrons plutôt dans une pièce de théâtre que dans un conte. Le programme est planté dès l’ouverture avec la présentation des rôles de chacun et dès le lever de rideau, le lecteur se trouve littéralement happé par ces personnages, plus personnes réelles que héros ou héroïnes qui nous parlent, dans une adresse directe. On est tellement dans l’écoute de ces voix, aux mots parfois mystérieux mais seulement québécois, tellement dans l’empathie, dans le souci de ce qu’ils vivent, traversent, comme suspendus à leurs lèvres que c’est une fois rendus, à la fin du récit, que l’on se dit qu’on a tout entendu… mais rien vu ! Et de repartir pour une nouvelle lecture, nouvelle aventure picturale que l’on savoure, cette fois, après le rythme soutenu du premier passage, trop heureux de plonger dans un univers onirique, foisonnant, aux dimensions très particulières, décalées.. en un mot imaginaire et qui complète à merveille la traversée de toute cette histoire.. parce qu’il y en a une. Une à plusieurs voix, qui raconte la misère qui pousse à la déprime, chamboule les familles, chasse les enfants sur les chemins pour découvrir un autre monde où la douceur acidulée digne des meilleures confiseries se révèle piégeuse et effrayante… même si, ici, l’ogresse est une chanteuse, Armande qui elle aussi, a son vécu. Des parcours qui s’entremêlent pour tisser une fin inattendue.

Un album à découvrir seul ou encore mieux, en lecture partagée.

Rien que pour la gourmandise, nous reprendrons bien quelques tranches de texte.

« Ca fait qu’ils ont décidé comme ça, sans prendre la peine de m’en parler, de partir. Oh là là là ! Si j’avais su ! Maudit. »

«  Je suis navrée mon p’tit gars, j’ai quitté ma famille, toute jeunette, je voulais rompre avec cette tradition bien niaiseuse de manger des enfants ; mais là, c’est pas pareil, c’est pour la bonne cause. C’est pas par gourmandise, c’est pour la science ! »

«  La peur m’a pognée au cœur. J’ai plus dit un mot, elle voulait juste que je mange, mais moi là, c’était fini, sans toi, j’avais le ventre noué. Je ne pouvais plus rien avaler. »

 

Sylvie Heyraud

Entretien avec Marion Janin

CD :          J’avais découvert Les silences des pierres il y a quelques années et j’avais gardé le puissant souvenir des double-pages de deuxième et troisième de couverture. J’ai été heureuse de trouver dans Le ventre du crocodile une double-page tout aussi frappante. Ces pages avant et après le livre racontent déjà quelque chose, n’est-ce pas ?

Marion Janin : Oui. J’aime proposer au lecteur un univers cohérent du début à la fin de mes livres. Dans chacun d’eux, je pense à des pages de garde qui donnent une entrée douce dans l’album.  Lire la suite

Mes petits imagiers sonores

La collection « Mes petits imagiers sonores » chez Gallimard est formidable.

       

De la même façon qu’ils adorent soulever les volets des livres pour découvrir des images cachées, les enfants ne se lassent pas d’appuyer sur la puce pour entendre le son que la page leur réserve. D’autant qu’il s’agit de vrais sons : bruits d’animaux, de jouets, bruits du quotidien.

La collection continue de s’enrichir : les nouveaux titres parus ou à paraître font maintenant entendre des comptines entières, des musiques classiques ou du monde. La qualité sonore est impressionnante. On peut ici écouter des extraits.

Mes petits imagiers sonores, 31 titres disponibles, Gallimard jeunesse, 10€10 chaque titre

Mais pourquoi on débarrasse ?

Les non-fumeurs ont de quoi envier les fumeurs parce que – en tant que tels – ils ont le droit de s’octroyer cinq minutes, même en plein rush du quotidien. Cette dépendance justifie, à tout instant, que le temps s’arrête. « Je ferai ça après, je sors fumer une clope. » « Attends là, 2 secondes, j’ai besoin d’une cigarette. » Parmi les situations maintes fois vécues, la plus représentative est celle au cours de laquelle, à la fin du repas, les fumeurs se lèvent, sans avoir besoin de ne rien annoncer, et d’un regard entendu, sortent se droguer… Et c’est comme si les autres pauvres saines personnes n’avaient pas d’autres choix que de commencer à débarrasser la table ! Quelle force mystérieuse pousse donc les non-fumeurs à tant d’abnégation et de compréhension ? Quel plaisir ce doit être de se sentir légitime dans sa pause !

Aujourd’hui, voulant à tout prix goûter ce plaisir, j’ai testé la pause poésie. Agrémentés d’un thé, les poèmes de Bernard Friot étaient savoureux. L’instant fut court, intense, requinquant : comme une cigarette ? Mais bizarrement, je n’ai pas réussi à m’accorder ce temps avant d’avoir débarrassé. Peut-être la littérature, substance non nocive mais nutritive, encourage-t-elle l’altruisme ?

ClaireD

Bernard Friot, J’aimerais te dire, De la Martinière, 13,90€

Le livre des droits de l’homme, Jacqueline Duhême

Robert Badinter et Jacqueline Duhême - Le livre des droits de l'homme.

Quelle merveille que ce texte! La grande Jacqueline Duhême, l’imagière de Prévert, Eluard, Queneau, et de tant d’autres poètes qu’elle a connus et amenés à la littérature pour la jeunesse, nous offre sa version illustrée, poétique et féérique, de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Robert Badinter, qui signe la préface, parle de son émerveillement devant le recueil, qu’il présente comme “un nouveau jardin d’Eden”. Ne nous privons pas d’offrir aux adultes et enfants, sous la forme de ce bel album, ce “message de foi dans l’humanité et d’amour des êtres vivants”.

Le livre des droits de l’homme, préface de Robert Badinter, Images de Jacqueline Duhême, Gallimard jeunesse, 10€, dès 6 ans.

ClaireD

Quentin Blake, Pas de panique / Pages, mots, images

L’immense illustrateur Quentin Blake, à 83 ans, est toujours un jeune homme. Dans son dernier album Pas de panique, ses dessins nous époustouflent une nouvelle fois par leur brio et leur vivacité. Le livre refermé, on a envie de courir retrouver Armeline Fourchedrue, Zagazou ou Les cacatoès. Je suppose que la saveur du trait de Quentin Blake est aussi constituée d’un peu de nostalgique familiarité, chez tous ceux qui, comme moi, ont baigné dans les fabuleux romans de feu Roald Dahl, que Blake a fabuleusement illustrés.

Avec Pages, mots, images, les adultes entreront avec bonheur dans l’univers de Quentin Blake, suivront son parcours artistique et découvriront des aspects inédits de son travail. Le genre d’ouvrage qui fait aimer le dessin.

Quentin Blake - Pas de panique !. 

Pas de panique, Quentin Blake, Gallimard jeunesse, 13€

ClaireD