L’ami paresseux, Ronan Badel

Paradoxalement, les albums sans texte sont peut-être ceux qui se laissent le moins facilement feuilleter. Ils nécessitent une lecture attentive, une observation rigoureuse, qui commence par la première page. L’absence de narration verbale peut dérouter les lecteurs adultes, qui ne savent pas bien quoi faire de tels objets. Le texte, sur lequel on s’appuie lorsqu’on lit un album à voix haute, a quelque chose de rassurant. En présence d’un album sans texte, faut-il raconter l’histoire à l’enfant ? parler sur les images ? faire parler ? simplement tourner les pages et observer ?

Vous trouverez sur les étals de votre librairie un livre dans sa pochette cartonnée. Votre chance, c’est que chez vos libraires préférés, vous êtes à l’abri des regards inquisiteurs, ils regarderont toujours avec bienveillance vos furetages et vos tripotages de livres. Sortez donc L’ami paresseux de sa pochette et commencez-en la lecture. Cette histoire sans paroles raconte le périple d’un paresseux endormi et qui va le rester durant toute l’aventure, même lorsque sa branche sera tronçonnée, même lorsqu’elle traversera le courant… Lire, raconter, parler, ou se taire, rire dans tous les cas : tout cela viendra bien naturellement. C’est tellement épatant de voir comme l’image peut être raconteuse…

Une autre belle occasion de faire l’expérience d’un texte quand il n’y a pas de texte.

L’ami paresseux, Ronan Badel, Éditions Autrement, 12 euros, à partir de 3 ans.

ClaireD