Archives pour la catégorie Les humeurs du comité de lecture

UNE VIE EN CROBARDS

UNE VIE EN CROBARDS
Jacqueline Duhême/ Gallimard/19,90 euros

Le plaisir pris, à plonger, entre autres, dans les univers de « Grain d’aile », « L’opéra de la lune », « Tistou et les pouces verts » sur les textes d’ Eluard, de Prévert, de Druon et imagés par Jacqueline Duhême, est resté entier, toutes ces années .. Peintures naïves, si riches, de cette Grande Imagière, pleines de vie, de douceurs, de couleurs, de détails nous accueillaient chaleureusement et nous embarquaient aussitôt dans un imaginaire… bien réel pourtant !
Alors quelle jubilation de l’écouter nous raconter sa vie.. L’écouter ?! Oui, paradoxalement ! Le papier kraft crée une proximité, une simplicité qui nous donne l’impression d’être assis à sa table…Rien que pour nous, elle dessine et écrit tout ce dont elle nous parle comme une mère déroulerait le fil de sa vie à son enfant..
Nous voilà redevenus petits.. rien d’étonnant… « Je ne sais en quel temps c’était, je confonds toujours l’enfance et l’Eden, comme je mêle la mort à la vie, un pont de douceur les relie » . Saisis par l’émotion en découvrant une résiliente.. « Ce que j’avais à faire, je l’ai fait de mon mieux. Le reste est peu de chose.. » On sait alors
pourquoi on est si touchés par ses « crobards », d’où vient cette densité si légère !
Etourdis aussi par toutes ses rencontres. On peine à la suivre parfois.. Mais tellement heureux à travers son fabuleux parcours, de croiser des noms, des personnes qui ont compté pour nous aussi, spectateurs de la grande histoire, ou tout au moins culturelle : peintres, poètes, écrivains, éditeurs, journalistes, politiques…Eluard, Matisse, Picasso, Prévert, Badinter.. etc.
Et l’on referme le livre, toujours petits devant ce beau portrait de femme…
C’est pour mieux l’ouvrir à nouveau.. laissant filer les alignements de son écriture, notre œil s’arrête et savoure ses peintures… un instant, le temps est suspendu !
Merci Madame Duhême !

Sylvie Heyraud

ABRIS

ABRIS
Emmanuelle Houdart/ Editions Les Fourmis Rouges

On ouvre.. et voilà une ribambelle de déclinaisons de « qu’est-ce qu’un abri ? » comme autant de vrais tableaux, qui se déroule selon une frise du temps, des âges… en commençant par une merveilleuse naissance dès la création de l’album, sur la couverture.. On comprend tout de suite que l’on entre dans quelque chose de grand !

Un grand format… pour un album au grand cœur ! Généreux !
Un grand format… qui cueille, accueille le lecteur, petit ou grand !
… pour mieux l’étreindre entre ses mains.
Un grand format…. pour plonger encore plus dans le foisonnement magnifique de détails.
Un grand format.. pour des petites phrases et des grandes réflexions sur la notion même d’abri, à déguster entre soi pour se questionner intimement et laisser résonner les suggestions ou à partager « blottis l’un contre l’autre » comme la quatrième de couverture invite à le faire.
Un grand format.. pour la grande histoire de toute une vie.. tout simplement.
Un grand format.. pour se laisser porter, léger, si léger..
et s’élever telle une grande montgolfière… de celles d’Emmanuelle Houdart qui prennent leur envol comme autant d’abris tout ronds, donnant le ton, d’entrée de jeu..
Un très très grand album où le lecteur se sent bien, si bien .. qu’aussitôt sorti, il y revient… comme dans un abri !

Sylvie Heyraud.
ABRIS
Emmanuelle Houdart/ Editions Les Fourmis Rouges/17,90 euros.

TROIS PETITES CHOUETTES

TROIS PETITES CHOUETTES
Quentin Blake/Emanuele Luzzati/John Yeoman
Gallimard Jeunesse

Pour aller d’un petit pas léger jusqu’à Noël… Trois petits pas par-ci, trois petits pas par-là.. le lecteur se laissera embarquer par la divertissante comptine de Noël des trois petites chouettes !
Sous les traits irrésistibles de Quentin Blake, nos trois petites demoiselles toutes pétillantes, pleines de fantaisie pêchent … un poisson qui ne ressemble à rien de ce que l’on trouve dans l’eau.. Boulimiques de la vie, d’un appétit communicatif, elles volent, dansent, hululent.
Trois petits rêves par-ci, trois petits rêves par-là plus loin…
Le temps d’une courte pause.. c’est pour mieux repartir !
Impatiemment attendues par le poisson délaissé sous son grand parapluie..
Trois grosses pluies par-ci, trois grosses pluies par-là..
C’est pour mieux apprécier leur retour… juste pour Noël !
Chut…
Trois petits mots par-ci, trois petits mots par-là
C’est ainsi que le poème finira !

Trois petits mots ?!
Drôle, ébouriffant, léger!
Une bonne petite mise en bouche pour noël, avec les ingrédients du manuscrit d’ Emanuele Luzzati, mitonnée avec le phrasé chantant de John Yeoman et façonnée, à peine esquissée par les pinceaux teintés de l’humour habituel de Quentin Blake. Rafraîchissante et croustillante à souhait!!
On en redemande.

Sylvie Heyraud.
TROIS PETITES CHOUETTES/ 13 euros.
De 4 à 6 ans.

MADAME CERISE ET LE TRÉSOR DES PIES VOLEUSES

MADAME CERISE ET LE TRESOR DES PIES VOLEUSES
Sandra Poirot Cherif/ Editions rue du monde

C’est une histoire très touchante, très émouvante que celle de Madame Cerise qui perd la tête et qui « s’envole petit à petit » loin de son monsieur Cerise.
Une histoire tricotée en teintes douces.. du rose de la vie qui ne l’est plus trop au jaune lumineux de ses petites escapades et réflexions, souvenirs de l’enfance, au bleu de son monsieur Cerise, éternel amoureux… assombrie aussi par le gris des soucis, voir du noir des peurs, de la colère.. toute une palette de sentiments joliment dépeints jusqu’à la touche finale, énorme cadeau rose fuchsia entouré d’un magnifique ruban au rouge aussi intense que l’amour porté à sa chère Edmée par son monsieur Cerise.. Toute une vie cousue main !
Un véritable cadeau pour le lecteur, aussi … avec le privilège extrême ( à tous les sens du terme) d’ouvrir et de découvrir lui-même ce cadeau presque grandeur nature à la fin de l’album !
Beaucoup de douceur pour un sujet sérieux, parfois douloureux.
Soleil et pluie garantis sur la météo des émotions sans oublier l’arc-en-ciel final !
Sylvie Heyraud.

MADAME CERISE ET LE TRESOR DES PIES VOLEUSES/
Sandra Poirot Cherif/ rue du monde/ 17 euros

LA DICTATURE DES PETITES COUETTES Ilya Green

Le lecteur entre de plain-pied dans ce « petit » album comme si un rideau s’ouvrait et que le spectacle commençait aussitôt ! Un vrai album à hauteur d’enfants !
Dès les premières pages, les illustrations épurées focalisent l’attention sur la scène et les actrices principales : Olga, Ana et Sophie se déguisent. Gabriel, figurant, observateur, dessine de l’autre côté de la page. L’espace distribue et délimite les rôles.
Sans préambule, les dialogues plantent immédiatement la situation.
Et c’est ainsi que l’histoire se déroule, simplement, de page en page…
Enfin, pas si simplement que ça ! C’est plutôt « toute une histoire » qui s’amorce autour de « qui est la plus belle ».
Le concours de beauté organisé avec nos cinq lauréats, Gabriel et le chat ayant été finalement autorisés à participer, permettra-t’ il d’en donner une définition ? D’interrogations en déceptions, c’est un escadron de déclinaisons de toute une réflexion sur la notion du beau, qui défile, sous la dictature des petites couettes, jusqu’au jugement tant attendu des fourmis… sans oublier les apartés du petit oiseau !
Et le livre se referme sans que le mot FIN soit écrit. Aucune réponse à « vous avez choisi ? ».. ou plutôt si.. mais justement !

Sylvie Heyraud.

La dictature des petites couettes/ Ilya green/ Didier Jeunesse /11,10 euros

Vers le bleu, Sabrina Bensalah

 Roman ado prenant. Dure réalité d’une vie pas simple ; surmonter l’abandon d’une mère, vivre sa vie d’ado avec la responsabilité d’une sœur, surmonter les difficultés du quotidien basique : se nourrir, sa laver, laver ses habits, trouver de l’argent… Et tout ça dans une atmosphère simple, fraîche, amicale, joyeuxe et amoureuse. La vie comme une belle étoile.

Roman positif, dynamique. Riposte des mots dans une relation de sororité.

Nelly Nicolas

Sabrina Bensalah, Vers le bleu, Sarbacane, 15,50€

Orang et Outang, Matthieu Sylvander, Perceval Barrier

 Un amusant conte philosophique pour des premiers lecteurs.

Deux singes de Bornéo voient un morceau de leur forêt, lieu de leurs jeux, disparaître au profit d’un complexe hôtelier. Le tout est interdit d’accès, derrière des grilles électrifiées.

Mais nos deux compères ne manquent ni de ténacité, ni d’imagination pour accomplir leur pari de rentrer dans cet univers inconnu aux codes incompréhensibles, malgré la surveillance. Ils arriveront à pénétrer dans ce lieu symbolique de notre civilisation de loisirs et de la mondialisation.

Une bonne humeur et une certaine dose d’humour parcourent un texte à l’écriture directe et resserrée.

Catherine Dutey

Orang et Outang, Matthieu Sylvander, Perceval Barrier, Mouche Ecole des loisirs, 7,50€

LIGNE 135, Germano Zullo / Albertine

Deux regards de lectrices sur cet album :

 Celui de Sylvie :

Un album, format à l’italienne, pour mieux voir défiler les pensées d’une petite fille, qui quittant sa  mère, en ville, pour se rendre en train chez sa grand-mère, à la campagne, se projette dans le temps… petit voyage dans les différents espaces, également… le tout, dans une tonalité presque en noir et blanc, très épurée et fourmillant de détails, pourtant. Une ambiance entre rêve et réalité… On l’écoute se parler, nous parler… Arrivés au bout, on recommence pour la réécouter et surtout, tout bien regarder… Un album qui, mine de rien, nous emmène bien plus loin…

Sylvie Heyraud

Celui de Catherine :

Les auteurs nous proposent un album de « passage » dans l’espace et dans le temps.

Une petite fille nous livre ses réflexions nées de conversations avec sa mère et sa grand-mère à propos des voyages et de ce qu’être grand.

En même temps, on voyage dans un train coloré, à travers la ville, la zone péri-urbaine, la banlieue, la campagne, le monde………….. dans une illustration en noir et blanc, fine, foisonnante, très performante sur l’état de notre environnement.

 On apprécie l’humour présent tout au long des dessins et la profondeur  du texte pourtant très bref.

Catherine Dutey

Ligne 135, Germano Zullo et Albertine, Editions la joie de lire, 18 euros

Le monstre mangeur de prénoms

Bestseller des éditions Benjamins Média, Le monstre mangeur de prénoms, qui en est à sa troisième édition, conte l’histoire d’une rencontre entre un monstre avaleur de prénoms d’enfants et un garçon plein de finesse qui saura apprivoiser le chapardeur et lui donner une dignité.

Ce récit simple et rassurant dit l’importance du prénom dans le sentiment d’exister pleinement. On trouvera aussi dans ce texte l’occasion de familiariser les enfants avec le découpage des mots en syllabes.

Des illustrations à la fois alertes et tendres font écho à un texte qui s’écoute aussi sur le CD accompagnant l’album.

Annie Lepetit

Le monstre mangeur de prénoms, David Cavillon, Julien Billaudeau, Benjamins média, 21€, à partir de 5 ans