La littérature permet de se frayer un chemin parmi les solitudes des personnages. Pénétrer ces solitudes, c’est découvrir des mondes bouillonnants, des idées régénérantes. Dans la vraie vie, tout « cassage de solitude » signifie rencontre. Deux êtres qui, à un moment donné, cassent leur solitude découvrent en l’autre un petit héros, s’enrichissent mutuellement. Ces moments de vie, et les personnes avec qui on les partage, sont suffisamment rares, et d’autant plus précieux.
Les neuf nouvelles d’Hélène Vignal, racontent, chacune, un cassage de solitude. Les adolescents que l’auteure met en scène se découvrent des pensées, des perspectives inattendues, des forces de vie insoupçonnées. Les sujets sont variés, chaque personnage a un parcours fort différent. Celui-ci « subit » un stage de troisième à la Préfecture, celle-là vit une amitié exceptionnelle avec un cheval, celle-ci découvre l’homosexualité de son père, celui-là s’ennuie, celle-ci évite de justesse l’excision, etc. Mais il arrive qu’une histoire déborde dans une autre. Des retrouvailles imprévues d’un personnage d’une nouvelle à l’autre ajoutent à l’activité du lecteur, obligé d’établir des connections. Et le lecteur est toujours heureux qu’on l’admette ainsi – j’emprunte ces termes à Christian Bruel – « dans la communauté des faiseurs de sens ».
Casseurs de solitude, Hélène Vignal, Le Rouergue, 11€, dès 13 ans