Bird, Crystal Chan

De la solitude, dans Bird, il y en a. De la vraie, de la pesante. Tous les membres de cette famille habitant l’Iowa, père, mère, grand-père et fille, sont insupportablement seuls depuis que John, le grand frère est mort. Surnommé Bird par son grand-père, John a réellement voulu s’envoler et a chuté du haut de la falaise. Depuis, Grandpa, rongé par la douleur et la culpabilité, a cessé de parler. Jewel vit le deuil depuis toujours car c’est justement le jour de sa naissance que son frère a sauté. Au début du roman apparaît un autre John, neveu du voisin, qui va remuer la vie de Jewel et de sa famille.

Le personnage de Jewel est formidablement attachant. On comprend sa révolte, son besoin de vie, d’amitié. On ressent avec elle l’insoutenable absence, tout autant qu’on attend avec elle que les vannes s’ouvrent, que Pa, Ma, Grandpa s’autorisent enfin à pleurer et à s’éloigner de ce malheur enfermant. Je retiendrai cette Jewel qui parle aux pierres, et revient toujours à la falaise qui lui est interdite. Je retiendrai les descriptions de la nature, les relations magiques que les personnages entretiennent avec elle. Je retiendrai l’Iowa, la chaleur, le ciel, les moustiques. Je retiendrai ces croyances jamaïcaines en des forces ambivalentes de la nature qui sont autant de façons de comprendre et d’agir sur le monde.

Bird, Crystal Chan, traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre Marmiesse, Éditions Hélium, 14,90€

ClaireD