Devine combien je t’aime

C’est le soir. L’enfant, avant de poser sa tête sur l’oreiller, veut une histoire. L’adulte ne se fait pas prier, il sait comme c’est important. Ce soir, ce sera Devine combien je t’aime.

LE livre-lien.

Pas le pop-up, qui distrait les mains et casse la parfaite fluidité du texte et des images. Non, l’album, dans sa version initiale, l’album qui, au rythme de la tourne de page, dans le calme du texte et des images, fait monter l’émotion.

Serrés l’un contre l’autre, l’enfant et l’adulte vont immanquablement s’identifier aux deux personnages. Un grand lièvre, un petit lièvre : papa, maman, fils, fille, chacun s’y retrouvera. Et les mots du texte, en sortant de la bouche de l’adulte lecteur, deviendront ses mots à lui.

Comment dire l’amour, comment partager des émotions fortes, comment sentir le lien unique qui attache le parent et l’enfant ?

Avec Devine combien je t’aime.

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Sam McBratney, Anita Jeram, école des loisirs, Pastel, 12,20€, Lutin, 5€

Koi ke bzzz? Carson Ellis

Le langage n’est jamais aussi jubilatoire que lorsqu’il est digressif. Il n’est jamais aussi digressif que lorsqu’il est inventé. Cet album passionnant est rédigé en parler insecte. Et le lecteur, même s’il ne parle pas couramment cette langue, se réjouit de comprendre ce qui se joue parmi ces petits animaux. Adjoints aux images limpides et poétiques, le texte est d’une finesse et d’un humour remarquables !

L’album – une découverte – nous démontre que comprendre n’est pas forcément mettre du sens dans les mots. Ici, en suivant les images et le langage inventé, on est à même de suivre les palpitantes aventures qui se déroulent autour de la naissance d’une pousse. Je dirais même plus : l’absence d’un discours clairement compréhensible à nos oreilles nous oblige à prendre du recul sur notre activité de lecteur, et à entrer plus loin dans l’interprétation.

Koi ke bzzz ?, Carson Ellis, Hélium, 15,90€

Tommy, la nuit de Noël

Réalisme, quotidien, justesse et fantaisie caractérisent les albums de la série consacrée à Tommy. La publication de ce nouveau titre chez La joie de lire est une joyeuse nouvelle…

Impossible de ne pas en parler aujourd’hui…

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Rotraut Susanne Berner, Tommy, La nuit de Noël, La joie de lire, 10,90€

Dedieu, Les bonshommes de neige sont éternels

Le très grand format permet le déploiement, sur chaque double-page, des images à couper le souffle de Dedieu. Un beau dialogue entre le texte, laconique, et l’image, intense, a lieu.

Que deviennent les bonshommes de neige, lorsque le temps se réchauffe ? L’amitié des animaux de la forêt pour le bonhomme de neige s’accompagne d’inquiétude quand arrive le printemps, puis de désespoir quand leur ami a vraiment disparu. Mais lorsque la neige fond, elle devient eau, puis…

La fin – le titre de l’album nous indique qu’elle sera plus heureuse et optimiste que celle du poème de Prévert – est aussi très poétique.

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Dedieu, Les bonshommes de neige sont éternels, Seuil jeunesse, 18€

 

Le Noël de la petite taupe, DVD

La petite taupe… ah ! la petite taupe ! Si c’est pour regarder les aventures originales de la petite taupe, il faut absolument mettre son enfant devant un DVD. Non seulement sans culpabiliser, mais avec la certitude de lui donner à voir une œuvre patrimoniale, qui élève, fait vivre une expérience langagière et littéraire de haut niveau. Et ce, à partir de 2 ans.

Dans le volume 4, l’adorable petite taupe fête Noël, ça tombe bien !

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DVD, Le Noël de la petite taupe, une série animée de Zdenek Miler (République Tchèque – 1957 / 1975), Les films du préau, dès 2 ans, 10€

Noël, enfance et musique

Pendant quelques semaines, on est parti pour fredonner Vive le vent, Petit papa Noël, etc. Ce mois de décembre peut être joyeusement accompagné de l’écoute du disque Noël chez Enfance et musique.

On ne s’enthousiasme pas souvent pour ce genre de compilations : voix pénibles,  boîtes à rythmes, arrangements niais et absence de choix esthétiques sont le lot de nombre de compilations de chants de Noël.

Celui-là représente tout le contraire. Réjouissant, jamais lassant. Les lumières, le froid, le sapin sont convoqués dans les chansons par des voix limpides et des accompagnements intelligents. De quoi se mettre dans l’ambiance avec enthousiasme.

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Agnès Chaumié, Noël, chansons et poèmes pour Noël et l’hiver, CD, 14,90€

Agnès Chaumié, Noël, livre disque, illustrations Katy Couprie, 23,90€

Trois titres pour faire vivre le gaga

« Ah bon ? » me dit l’enfant, feuilletant à mes côtés l’imagier des mots de Saint-Etienne, « faire un gâté, c’est stéphanois ? débarouler aussi ? et beauseigne ?! C’est dingue, on ne les utilise pas dans d’autres régions ? » Ces jolis mots sont tellement utiles et colorés qu’ils nous manqueraient s’ils n’existaient pas.

Dans le disque Les chansons du grand coissou, Gil Chovet, qui connaît et défend leur saveur, a créé de belles chansons tendres et drôles à partir, pour chacune d’elles, d’un mot gaga choisi.

Dans Les trois petits caillons du Pilat, Jean-Lou Vivier raconte, en gaga stéphanois, le célèbre conte des trois petits cochons. C’est drôle, mais c’est aussi attendrissant. Ces mots ancrés dans un passé local réjouissent les oreilles et les cœurs. On se sent partie prenante d’un lieu et d’une histoire.

Les trois petits caillons du Pilat, Jean-Lou Vivier

Les dix gagas, Mon premier imagier des jolis mots de Saint-Etienne, Jean-Lou Vivier, Armelle Drouin

Gil Chovet, Les chansons du Grand Coissou et Un tout petit peu très bien, autoproduction 2015

Bonne journée / Bonne continuation, Olivier Tallec

Il ne faut se fier ni aux titres gentillets, ni au nom du grand illustrateur qu’on associe à l’édition pour la jeunesse. Bonne continuation et Bonne journée sont des recueils de dessins d’humour toujours très fin, parfois caustique, parfois un peu cruel.

On profitera donc de ces géniales illustrations sans trop laisser traîner les albums entre toutes les pattes. Certaines images de girafe décapitée, de chèvre embrochée sont à réserver à des cœurs bien accrochés !

A la lecture de la courte réplique qui l’accompagne, le dessin d’Olivier Tallec prend tout son sens, laisse l’imagination faire son œuvre… et convoque l’éclat de rire. Olivier Tallec continue à nous montrer l’étendue de son talent.

Olivier Tallec, Bonne journée, bonne continuation, Rue de Sèvres, 14€

 

Bulle et Bob se déguisent

J’ai mis le disque dans le lecteur, me suis posée sur le canapé et ai ouvert le livre et mes oreilles. Avant cela, j’étais dores et déjà acquise à la cause, sûre de passer un moment douillet et précieux avec Bulle, Bob, Ilya, Gilles et Natalie. Mais je n’avais pas prévu les larmes…

Le nouvel opus de Bulle et Bob, comme les précédents, fait vivre une situation quotidienne, a priori banale d’un frère et d’une sœur. Que ce soit sur la plage, dans le jardin, dans la cuisine, le jeu qui surgit est tout sauf banal, tant le pouvoir d’imagination est fort, tant le monde intérieur qui se construit est riche. Bulle et Bob se déguisent, sixième de la série, a la chaleur et la gaieté des précédents. Il a en plus une profondeur, due à la présence-absence d’un formidable papi, qui plonge l’auditeur dans une bulle de tendresse-tristesse.

En écoutant ce nouvel opus, j’ai eu une vision pré-nostalgique – si l’on peut dire. J’ai pris conscience que cette série serait pour toujours marquée du souvenir nostalgique de la petite enfance de mes enfants. En attendant qu’ils grandissent, profitons de Bulle et Bob, écoutons donc ces futurs souvenirs.

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Bulle et Bob se déguisent, Natalie Tual, Gilles Belouin, Ilya Green, Didier jeunesse, 17,70€

ClaireD