Entretien avec l’auteure-illustratrice Laëtitia Devernay

L’auteure-illustratrice Laëtitia Devernay a publié deux albums aux éditions La joie de lire. A l’occasion de l’exposition qu’accueille la librairie, nous avons interrogé la chaleureuse Laëtitia.

Vous avez publié 2 albums pour l’instant. J’ai entendu dire que deux autres allaient bientôt paraître… 

LD : Deux nouveaux albums sont bien en préparation : le Bestiaire Mécanique qui sortira dès l’automne prochain et La Danse de la mer à peine ébauché encore. Ces deux projets naissent d’une envie commune. Dans le premier, je confronte deux univers opposés, l’un organique, l’autre mécanique et mets en place des analogies graphiques entre un animal et le véhicule qu’il représente. Pour la Danse de la mer, je veux mettre en place des symbioses improbables. Les symbioses se trouvent par ailleurs en très grand nombre dans le milieu marin.

Pourriez-vous nous dire quelques mots sur les techniques utilisées dans Be bop et Diapason? On discerne, entre autres, une démarche originale sur la couleur, différente d’ailleurs entre les 2 albums.

LD : Pour moi, il est réellement important d’adapter la technique de réalisation d’un album à sa narration. C’est pourquoi j’ai décidé de réaliser Be bop ! en linogravure et en tons limités avec des couleurs chaudes. Je voulais des couleurs qui se dilatent et un effet de matière permettant les superpositions et créant une impression de chaleur. Je me suis pour ce projet inspiré du travail des affichistes, notamment Paul Colin, mais aussi du travail sur les visuels des disques de jazz (Steinweiss, etc.) pour réaliser des images très graphiques, très rythmées avec un travail sur les silhouettes mais également sur le blanc tournant. Je souhaitais une composition très narrative (quand les divas commencent à jouer, tous les éléments sortent de la page, ce qui donne une impression de quelques chose de très bruyant, festif) et il me semble que la découpe des plaques de gravure me permettait cela.

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Pour Diapason, je voulais rester dans quelques chose d’extrêmement précieux et élégant, je voulais faire écho au costume des musiciens, le petit nœud papillon noir sur les chemises très blanches, les archets, les volutes des instruments… Pour cela, j’ai utilisé un camaïeu de noir et de blanc que j’ai travaillé soit en aplat soit en trame plus ou moins dense pour recréer des nuances de noir. Pour obtenir ces fines nuances, j’ai réalisé mes planches en sérigraphie mais pour les besoins d’impression, j’ai redessiné à l’encre de chine avec un stylo d’architecte, l’ensemble des planches pour une impression en pantone.

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Ce choix des couleurs a donc été partie prenante des illustrations dans les albums?

LD : Ces choix de couleurs ont donc bien entendu été partie prenante des illustrations et participent au sens de la narration. Je crois vraiment que chaque projet a sa technique, ses couleurs…et dans mon cas sa musique !

On est entre le graphisme et l’illustration. Le graphisme qui fait qu’on trouve des éléments de couleurs, de traits signifiants, d’où le fait qu’on se passe de texte. L’illustration parce que, c’est sûr, on est face à un livre, qui raconte une histoire. Est-ce judicieux de voir les choses ainsi? J’ai l’impression qu’il y a une tendance “grapho-illustrative” (cf les éditions Memo) qui participe d’ailleurs du fait que l’album tire parfois vers le livre d’art.

LD : Tout à fait, graphisme et illustration sont mêlés. Il me semble que cela apporte une dimension nouvelle au livre jeunesse. Il y a beaucoup de graphistes (les éditions MeMo effectivement mais aussi la très jolie maison d’édition Milimbo et beaucoup d’autres) qui travaillent aujourd’hui dans le milieu de la jeunesse et je trouve cette évolution très motivante. Concernant le livre d’art, je ne sais pas, je me réjouis en tous cas de voir qu’il y a des livres de grande qualité. Il est toujours utile de le redire : il n’y a pas de sous littérature en fonction du lecteur.

Aux Croquelinottes, nous avons une nette préférence pour la version Leporello de Diapason! Et vous?

LD : Je préfère également la version Leporello (initiale). Elle permet deux lectures, une classique et narrative et une plus contemplative, a double page est également mieux mise en valeur. Ce qui est important pour moi, aussi, dans cette version c’est la couverture qui place le lecteur directement dans un univers musical et qui fait déjà partie du récit, c’est également pour cette raison qu’il n’y a pas de page de garde on rentre directement dans l’histoire d’un bout à l’autre du livre.

Quand on aime la musique, on aime les arbres et les oiseaux, non?!

LD : J’aime les arbres, les oiseaux et la musique tout particulièrement mais je ne sais pas si tout est lié !!….Et j’aime aussi bien d’autres choses !

Entretien réalisé par Claire Damon pour la librairie des Croquelinottes

chat-terton.over-blog.com

Be Bop, La joie de lire, 2012, 15€

Diapason, La joie de lire, 2010, 23€ version Leporello, 17€ autre version